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Dans un entretien accordé au Figaro , le Dr François Ducrocq, psychiatre au CHRU de Lille explique quels sont les risques psychologiques encourus par les rescapés de la prise d'otages du Bataclan.
Les soins psychiatriques proposés aux survivants "combinent des aspects psychologiques, avec un «debriefing», et la prescription possible de médicaments" indiquent le docteur.
Et d'ajouter: "Les jours qui viennent vont être marqués par des symptômes variés comme des terreurs soudaines, une hypervigilance, des troubles du sommeil. C'est quasiment un passage obligé compte tenu de l'épreuve qu'ils ont traversée. Mais le vrai enjeu est dans l'évolution à moyen et long terme. La plupart de ces personnes (70 à 80%) vont récupérer doucement, en gardant à l'occasion des petits symptômes si elles sont de nouveau confrontées à des situations violentes ou stressantes. Les 20 à 30% restants souffriront d'un large ensemble de symptômes, formant ce qu'on appelle la névrose de guerre ou le stress post-traumatique. Il est composé de symptômes de répétition (flash-backs, cauchemars…), d'une hypervigilance, de troubles du sommeil, d'une difficulté à se concentrer. C'est la traduction d'une peur qui ne s'éteint pas, et c'est très lourd et invalidant. A long terme, cette pathologie peut aussi favoriser les addictions."
Stéphane T., 49 ans, fait partie de la dizaine de spectateurs pris en otages par les terroristes pour servir de bouclier humain et communiquer avec la police. Il raconte à l'Humanité ce qu'il a vécu. Il a d'ailleurs du mal à réaliser qu’il a été au cœur d’un tel drame.
"Je me demande : « est-ce que c’est réel ? » C’est un sentiment que j’ai eu aussi pendant la prise d’otage, dans le couloir. Je me suis : « Allez maintenant, c’est bon, on arrête le film, on s’est bien amusé, mais là, ça suffit. » Mais non, on ne peut pas arrêter le truc et il y a bien deux mecs avec des kalachnikovs qui sont là pour tout faire péter. Dehors, je suis évidemment soulagé. D’ailleurs, c’est le premier message des flics : « Vous êtes en sécurité, vous n’avez plus rien à craindre. » Et on y croit, parce que la mobilisation est énorme…
A six heures, c’est fini. On me demande si je rentre par mes propres moyens ou si quelqu’un peut venir me chercher. Mais je n’ai plus de portable. Du coup, je décide de rentrer en métro. Il est six heures du matin, j’ai sur le dos ma chemise déchirée et une couverture de survie, et je sors dans les rues de Paris, en me dirigeant vers la station Chatelet, c’est un peu surréaliste. Dans le métro, on me regarde d’un air bizarre. Un vieux black me demande si ça va. Je lui réponds : « oui, à peu près. »......
« La nuit d’après, avec la fatigue et les calmants que m’ont prescrits les médecins à l’Hôtel-Dieu, j’ai plutôt bien dormi. C’est moins vrai depuis. J’ai l’impression de vivre comme une sorte de dissociation avec les événements. Plus je raconte, plus j’ai l’impression que ce n’est pas moi qui ait vécu tout ça. Qu’il s’agit du scénario d’un film, que j’étais simplement au-dessus, mais pas dans les événements. La psy que j’ai vu dimanche m’a expliqué qu’il s’agissait d’un phénomène tout à fait classique.
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