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Dans un entretien accordé au au Quotidien des médecins une réanimatrice témoigne de l'horreur qu'elle a vécue. « Ma première image en entrant dans la salle de réveil, ça a été cette jeune femme, placée directement à l’entrée de la salle, criblée d’impacts de balles. Une image d’horreur. À ce moment-là, j’ai eu un mouvement de recul. Je suis resté en état de choc quelques secondes et puis c’est parti, j’étais en mode professionnel – "on y va" », relate le Dr Axelle Ferry, réanimatrice dans le service des grands brûlés de l’hôpital Saint-Louis, dans le 10e arrondissement de Paris.
C'est l’un des premiers établissements de l’AP-HP à avoir pris en charge les blessés des fusillades du vendredi 13 novembre, notamment celles qui ont eu lieu au Carillon et au Petit Cambodge, situés à quelques pas de l’hôpital indique le site internet.« Après avoir vérifié qu’ils étaient stables, j’ai laissé les patients de mon service auprès de mon interne, et je suis descendue en salle de réveil, où 4 ou 5 malades avaient déjà été amenés par les urgences. » Son chef d’unité, le Dr Matthieu Legrand endosse le rôle de coordinateur, « un rôle extrêmement important pour gérer les équipes », souligne le Dr Ferry, qui est alors affecté à la prise en charge de la jeune inconnue. Cette dernière, seule survivante d’un petit groupe d’amis a été transportée à bout de bras depuis le Carillon par des témoins de la fusillade.
Malgré des impacts de balle dans la mâchoire, à la racine de la cuisse gauche, au niveau de l’avant-bras droit – complètement disloqué – dans la fosse poplitée et au niveau de la main gauche, elle est consciente.
« C’est elle qui s’est identifiée en prenant un stylo et une feuille pour écrire son nom, son prénom et sa date de naissance. Nous l’avons tout de suite mise dans le coma, et après un scanner pour faire le bilan de ses lésions, elle a pu être opérée, vers 3-4 heures du matin. »
D’autres blessés dont le pronostic vital est engagé arrivent. « Quand le Bataclan s’est dénoué, les victimes ont été transférées vers d’autres hôpitaux qui n’avaient pas encore été sollicités et étaient plus en capacité de les recevoir – la Pitié-Salpêtrière et l’HEGP. » La nuit du Dr Ferry a été une nuit « sans boire, sans manger, sans pisser. Je tenais à l’adrénaline », explique-t-elle. C’est en rentrant chez elle le lendemain après-midi qu’elle commence à réaliser.
« J’habite le quartier et je fréquente très fréquemment le Carillon et le Petit Cambodge, et j’ai réalisé que j’aurais pu être parmi les victimes de cette horreur mais que, par chance, j’étais au travail ce jour-là. » Après une nuit mouvementée, la réanimatrice est à nouveau de garde le dimanche, dans son service habituel. « Quelque part, je n’étais pas mécontente de travailler ce dimanche, ça m’a permis de me réfugier dans le travail », confie-t-elle.
« Peut-être que j’aurai besoin d’un soutien psy... Je ne l’exclus pas, confie le Dr Ferry. Ce genre de plaies par balles, on n’en a jamais autant en si peu de jours, néanmoins un pas devant l’autre on a fait les choses, chacun dans sa mission, avec un esprit ultra-professionnel. »
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