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Carole Vanhoutte, orthophoniste en région parisienne, est co-fondatrice avec Elsa Job-Pigeard et Florence Lerouge de « Joue, pense, parle » établissent un lien entre l’exposition précoce des enfants aux écrans et certains troubles du langage oral et écrit, de plus en plus fréquents. Elles s'expliquent sur le site ginger.fr .
"Il s’agit de troubles de plus en plus complexes qui ne sont pas liés au dysfonctionnement d’une seule fonction isolée. Nous voyons des troubles de la parole et de la compréhension. Ce sont les médecins, pédiatres et les enseignants qui nous adressent ces enfants. Le premier signe d’alerte c’est l’expression, le langage. Un enfant qui ne parle pas, c’est objectivable. Mais il y a aussi des enfants qui ne comprennent pas, ce qui passe plus à l’as. Lorsqu’ils arrivent en grande et en moyenne section, ils ne comprennent pas les consignes. Ce sont des petits qui pour certains pourraient être étiquetés « dys » alors qu’à notre sens ils ne le sont pas. Ils ne souffrent pas d’un problème neuronal, ils sont parfaitement « pré-câblés »mais ils n’ont pas assez, ou ils n’ont pas été assez autorisés à explorer, transformer le monde avec leurs mains. Ils n’ont pas construit la fonction symbolique indispensable pour avoir un langage informatif et une bonne compréhension.
Et d'ajouter: " La piste des écrans nous a semblé pertinente. Ce n’est pas le seul facteur mais nous assistons à une sur exposition de plus en plus précoce (à l’âge de un an dans le meilleur des cas) qui prive l’enfant de ces précieuses interactions avec les autres et les objets. Nous constatons que de nombreux enfants entre 3 et 11 ans passent entre 5 et 6 heures par jour seuls devant un écran. Je vous donne un exemple. Une petite fille de quatre ans et demi qui m’est adressée parce qu’elle ne parle pas. C’est le CMPP qui l’envoie. Cette enfant n’est pas en interaction, elle n’a pas de regard, pas d’attention, pas de « pointage » des objets. Elle prononce deux mots « daddy » et « go », alors que les parents ne sont pas anglophones. Cette enfant a en fait passé ses deux premières années dans un transat devant la télévision. Sa mère m’a expliqué qu’elle « ne savait pas quoi faire avec elle ». Il y avait des dessins animés dits « éducatifs », elle s’est dit « si ça existe c’est que c’est bien ». Donc, il y avait en permanence dans la vie de cette petite fille un écran. Le diagnostic d’un trouble du spectre autistique a été posé. Mais je m’interroge sur ce diagnostic pour cette enfant car l’évolution est rapide, constante. Ses symptômes ne proviennent-ils pas de cette surexposition très précoce à la télévision qui l’a empêchée de patouiller, de communiquer ? Parallèlement, nous recevons de plus en plus d’enfants de trois ans qui ne parlent pas et qui ont passé huit heures par jour devant un écran les premières années de leur vie et cela ne constitue pas une exception ! Les parents croient bien faire en raison des arguments éducatifs qui viennent promouvoir ces programmes et ces jeux."
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